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30 avril 2025
Dangeureuses créatures des pays lointains
Il ne fait pas toujours bon traîner sur la plage

Cette histoire, qui se déroule il y a plus de 150 ans sur une plage d'Afrique du Sud, a-t-elle été relatée pour émerveiller et surprendre les lecteurs de l'époque ? Quand on peut y lire que l'épilogue se déroule à Marseille, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec l'histoire de la sardine qui a bouché l'entrée du port !
Relation de l'attaque et de la prise de deux monstres marins, par vingt hommes du navire la Caroline
Description de ces animaux qui viennent de débarquer à Marseille, pour venir enrichir le muséum d'histoire naturelle.
Tous les journaux maritimes font mention de cette capture extraordinaire, écoutons le récit :
Le capitaine MAUBERT partit le 28 octobre 1838, sur le navire la Caroline, monté par 35 hommes d'équipage et quinze savants, pour aller explorer les pays lointains. En approchant du cap de Bonne-Espérance, le vaisseau fut assailli par une tempête qui le jeta près des rochers qui tiennent à la Nouvelle-Orléans, près de la côte de la Concorde, dans la terre australe. Cependant le temps se calma et l'équipage n'eut à déplorer, que la perte d'un seul marin tombé des dunes dans la mer, et d'une partie de sa voilure, grâce aux manœuvres savantes du capitaine. Il fallait faire de l'eau et réparer la mâture, une chaloupe fut mise à la mer avec 20 hommes d'équipage et un lieutenant, arrivés dans une baie on s'apprétait au travail, quand soudain deux monstres sortirent d'une caverne, se précipitèrent dans l'eau avec un bruit effroyable, et reparurent presqu'aussitôt à une distance de cent pas : le lieutenant Henry, homme de courage, assembla sa petite troupe, se mit à la tête et poursuivit ces deux animaux. Une décharge fut commandée à trente pas, alors les deux monstres s'acculèrent à un rocher et montrèrent une gueule armée de broches effrayantes. Leurs queues se roulaient en spirale, leur ailes et les écailles qui couvraient leurs corps, s'agitant, ressemblaient à un cliquetis d'armes.
Le lieutenant fit faire un demi-tour et commanda, en flanc, une décharge à quinze pas. Ces monstres redoublaient de rage et de fureur; enfin l'attaque devint plus vive, les braves marins coururent dessus, déchargèrent leurs armes à bout portant; un marin s'approcha tellement, qu'il enfonça dans la gueule de l'un un long ferret faisant crochet, tandis qu'un feu constant ne leur laissait aucun repos. Enfin deux balles en atteignit un à la tête, et l'autre fut attaqué au cœur, le premier s'agita longtemps, se roula, ses cris, ses hurlements étaient terribles, et après d'horribles convulsions, il expira.
Le second soutint encore longtemps l'attaque, mais le coup qu'il avait reçu épuisait ses forces, et nos marins furent victorieux.
C'est alors qu'ils purent examiner de près les ennemis redoutables qu'ils avaient eu à combattre. Nous allons en donner la description, copiée dans un journal maritime.
Ces animaux, disent les savants de l'équipage, sont d'une espèce presque perdue, car les annales de la marine ne font mention qu'une fois de la capture de ces animaux, par un nommé François Chessart, brave marin français, en 1630.
La longueur du corps est de 60 pieds, la queue est terminée par un croissant aigu, le corps se développe en anneaux comme celui du serpent, el les écailles mouvantes le courvre entièrement; deux forts bras armés de pattes à membranes et à griffes, sont attachés à de fortes épaules; ils ont sur le dos deux ailes qui ont 25 pieds d'envergure, et qui leur servent pour hâter leur course à terre. La tête a quelque chose d'effrayant, elle est le double de celle d'un grand requin. Comme lui il a plusieurs rangs de dents. La gueule présente une ouverture de trois pieds, l'œil est petit et recouvert en partie par une large paupière; le cou est orné d'une crinière épaisse d'un brun rougeâtre qui lui descend sur la poitrine et cache en partie deux longues mamelles pendantes. Son poids peut être estimé à 1800 kilogrammes. Enfin, après une longue exploration dans ces contrées, le navire vient d'arriver à Marseille; toute la ville s'est portée dans le lieu où ces monstres étaient disposés, en attendant leur translation au muséum d'histoire naturelle à Paris.
Imprimerie d'images, de DEMBOUR, graveur et lithographe à Metz
Fichier joint (1275ko), cliquez pour agrandir :
Lithographie avec le texte original
Relation de l'attaque et de la prise de deux monstres marins, DEMBOUR Metz